Lettre ouverte au président
A l’attention de Mr le Président de la République française,
Ses collaborateurs,
Ses associés,
Ses conseillers,
Monsieur,
En ces jours de crise, au lendemain de votre intervention télévisuelle, je tenais à vous remercier d’avoir réussi à me convaincre.
Votre intervention tant critiquée et décriée par de nombreux médias partisans et par vos adversaires politiques devrait être mieux considérée pour ce qu’elle vaut réellement : elle a permis de s’assurer de notre bonne appréhension de la situation.
Comme vous monsieur, j’ai la chance de beaucoup voyager dans le cadre de mon travail, de rencontrer des personnes de différents pays et discuter avec elle, de voir que la crise dite globale touche plus particulièrement l’Europe plus que n’importe quelle autre région du monde. Rencontrer ces populations qui sont confiantes dans leur avenir fait du bien, cela donne de l’espoir.
Je crois vraiment que ces temps de crise européenne particulièrement forte nécessitent l’accession au pouvoir d’un grand homme (ou d’une grande femme) comme la France a déjà vu en passer au fil de sa grande histoire.
Monsieur le président, je voudrais humblement vous confier que je ne crois pas que vous soyez cette personne dont la France a besoin.
Grâce à votre intervention, j’acquiers la certitude que l’avenir ne sera pas français.
Grâce à votre intervention, j’acquiers la certitude que je vais devoir convaincre mes proches de quitter notre beau pays pour un avenir meilleur parce qu’à l’instar de nombreux de nos compatriotes, mes proches s’attachent encore à une certaine vision de la France.
Le temps des grandes migrations se profile de nouveau à l’horizon : Aux temps jadis, les contingents d’émigrants faisaient souvent partie des personnes les plus pauvres qui quittaient leur pays avec l’espoir d’un avenir meilleur ailleurs. En nos temps, seuls les meilleurs peuvent risquer de quitter leur pays pour tenter leur chance ailleurs.
Grâce à vous monsieur, je vais essayer de faire partie de ces gens là.
La France a creusé monsieur, mais il ne me semble plus nécessaire de creuser, le trou suffisamment large non seulement ne peut plus être comblé, mais il continue à s’agrandir tout seul par simple érosion. Le trou ? Quel trou ? En réalité, il ne s’agit pas d’un trou, mais de plusieurs: les trous dans les poches bien sur, mais aussi les trous de mémoire, les fissures sociales, les brèches morales… La collection de trous est complète, le vide s’installe.
Face à ce phénomène, je n’ai pas confiance, je ne comprends pas ce que vous faites.
Je ne peux que constater qu’il me semble qu’en ces jours, plus aucune décision que le président de la république prend ne semble être voulue par le président. Tel une marionnette, le président de la république semble exécuter les décisions que d’autres ont prises pour lui : tantôt l’Europe, tantôt la finance, tantôt les groupes de pression de minoritaires activistes… Je vous plains monsieur de ne pouvoir exercer le pouvoir que la démocratie vous a remis, ou tout au moins ce que vous pensiez être une démocratie et qui n’est plus que le mirage d’une démocratie, un système dévoyé au nom de différents intérêts nuisant au principe même du bien commun : intérêts financiers, personnels, voire idéologiques.
C’est donc avec la gueule de bois des lendemains de fête qu’il faut se résoudre à plier bagage.
Comme vous monsieur, j’aime mon pays, j’aime la France, mais ayant la responsabilité d’une famille, je dois veiller à l’avenir de mes enfants qui sont aussi enfants de France donc d’une certaine manière aussi vos enfants. Et comme vous monsieur je subis les choix des autres sans avoir le moindre recours pour y échapper, alors j’ai honte mais il ne m’apparaît pas d’autre solution que de fuir face au gigantesque gâchis qui se prépare.
Vous remerciant pour l’attention que vous porterez à cette lettre,
Un membre de la classe moyenne française sacrifiée